mercredi 6 juillet 2011
Que se passe-t-il en Birmanie ?
On a appris hier qu'Aung San Suu Kyi a fait sa première visite privée depuis la levée de son assignation à domicile. L'occasion pour moi de parler un peu de la situation chez mes voisins.
La Birmanie est devenue une province britannique en 1886. Dans les années 30, un mouvement nationaliste voit le jour. Deux des principaux leaders sont Aung San, le père d'Aung San Suu Kyi et Thakin Nu. En 1943, grâce à l'aide des Japonais, les Birmans déclarent leur indépendance. Mais ce n'est qu'une indépendance de façade, les Britanniques contrôlent toujours le pays. Lord Mountbatten est alors le Vice-roi des Indes. Aung San négocie avec lui, et, en 1945, il se range finalement du côté des alliés.
En 1947, les négociations sont menées à bien et l'indépendance est proclamée une nouvelle fois. Mais certains pensant qu'Aung San a fait trop de concessions, ils organisent son assassinat le 19 juillet 1947. Thakin Nu devient chef du gouvernement.
Ce gouvernement reconnaît l'existence de plusieurs ethnies (karen, kachin, shan, wa...) sur le territoire birman, qui est, de facto, une fédération d'états.
En 1958, après un coup d'état, le général Ne Win impose une dictature militaire. La mise en place d'un système de style socialiste appauvrit rapidement le pays.
Trente ans plus tard, des manifestations importantes s'opposent au régime. La répression du mouvement pro-démocratique fait des centaines, voire des milliers de morts. Ne Win est remplacé par Saw Maung. Celui-ci créé le SLORC (Le Conseil d'Etat pour le Rétablissement de la Loi et de l'Ordre). Aung San Suu Kyi revient d'exil et fonde la LND (Ligue Nationale pour la Démocratique).
Depuis 1988, la situation n'a pas beaucoup évolué. Aung San Suu Kyi et les membres de la LND sont soumis à des pressions quotidiennes. Leur vie est contrôlée comme dans 1984 de George Orwell (qui, ironiquement fut soldat en Birmanie). Beaucoup d'entre eux sont emprisonnés ou déjà morts. Le SLORC promet des élections libres qui n'arrivent jamais. Et pour cause, aux élections de 1990, la LND a obtenu 392 des 492 sièges. Bien entendu le SLORC ne les a pas laissés former de gouvernement.
Le pays vit dans la misère. La corruption est omniprésente. Il faut dire que le salaire des fonctionnaires ne leur permettant pas de vivre, ils sont vites tentés de se tourner vers le racket pour survivre.
Le SLORC niant toute forme d'autonomie aux tribus, celles-ci leur font la guerre. Notamment dans l'Est du pays (Shan, Karen, Kachin). De nombreux habitants de ces régions tentent de passer la frontière thaïe pour protéger leur vie. D'autres tribus, comme les Wa, ont passé des accords avec la junte, paix relative contre possibilités économiques.
A Bangkok j'avais de nombreux collègues birmans. Pas un n'était optimiste quant à l'avenir de ce pays meurtri.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire