jeudi 19 novembre 2009

Pourquoi ne parle-t-on pas néerlandais au Congo ?


Ce matin j'ai fait le trajet jusqu'à mon travail en compagnie d'un étudiant congolais (République Démocratique du Congo, dite aussi Congo-Kinshasa, ex-Zaïre). Nous avons discuté en français, et puis subitement je me suis dit : mais pourquoi on ne parle pas néerlandais au Congo puisque c'était une ancienne colonie belge ? Mon interlocuteur n'en savait rien, j'ai donc fait quelques recherches, en particulier sur l'excellent site de l'université de Laval. Je vous renvoie à leur article sur l'histoire sociolinguistique du Congo si vous voulez approfondir le sujet, ici je ne ferai qu'un résumé.

La souveraineté de Léopold II, roi des Belges, sur le Congo fut reconnue en 1885 et en 1908 le pays devint officiellement une colonie belge. A l'époque le français et le flamand en étaient les deux langues officielles, et on envisagea même d'y faire deux zones linguistiques distinctes, comme en Belgique. Mais ni les administrateurs ni les religieux, chargés de l'éducation n'avaient pour mission d'imposer ces deux langues. Ainsi, à l'école primaire, primauté fut donnée aux langues nationales (swahiki, kikongo, lingala et tsiluba) dans le but de "ne pas déraciner les indigènes" comme ils disaient à l'époque. Le français était utilisé dans l'administration et dans les écoles secondaires.

Et pourquoi pas le néerlandais ? L'histoire de la Belgique est une longue suite de guerres linguistiques entre Flamands et Wallons. Et comme je ne peux pas les décrire ici, disons simplement que dans la première moitié du XXème siècle, les Wallons avaient la main, et c'est le français qui s'est imposé au Congo. Le néerlandais a fait surface après 1950, mais sa diffusion a été stoppée par la décolonisation.

C'est ainsi qu'en 1960, le français a été déclaré seule langue officielle du Congo. Le néerlandais et les langues nationales ont été mises à l'écart, et ce pour plusieurs raisons : les nouveaux dirigeants voulaient une langue unificatrice pour lutter contre le tribalisme et la diversité linguistique ; une langue neutre facilitait la centralisation administrative désirée ; le français avait une image prestigieuse.

Après son arrivée au pouvoir, Mobutu a entrepris une "zaïrisation linguistique" du pays, mais le français est resté très présent. Aujourd'hui c'est la seule langue utilisée dans le secondaire par exemple. Mais le sujet est riche, et je vais arrêter ici mon exposé, j'ai répondu à la question de départ !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire